1942-1943C'est un matin de début janvier 1942 que
1942-1943
C'est un matin de début janvier 1942 que nous avons quitté Marrakech, laissant un souvenir de non confort
De nouveau le train traversant toute l'Algérie pour rejoindre Oran, le trajet était très long et fatigant,heureusement mon mari avait fabriqué un petit hamac que l'on attachait aux deux montures des filets au dessus des places assises.
Arrivés a Oran ,il ne faisait pas chaud et le temps était a la tempête. Le 8 janvier 1942 un très vieux bateau nous attendait , le
"Gouverneur Général Cambon " ( il faisait sa dernière traversée) , il était misérable, tout craquait la dedans, on avait l'impression qu'il allait se disloquer.
A mi chemin entre Oran et Port Vendre la mer s'est mise a devenir houleuse , en suite démontée , c'était une rude traversée.
Le commandant du bateau a reçu un message qu'un bâtiment comme le notre qui faisait la route depuis Alger vers Marseille en même temps que nous , était en péril, c'était le "Lamoricière" , nous n'avons pas pu aller a son secours , chez nous le bateau était en difficulté , tous les hommes valides étaient réquisitionnés pour alimenter la chaudière en charbon, inutile de vous décrire l'angoisse qui régnait a bord.
Le "Lamoricière" a coulé le 9 janvier dans la nuit, il y a eu quelques rescapés. L'arrivée a Port Vendre a été une délivrance pour nous.
Port-Vendre en pleine guerre était bien triste.Il nous fallait rallier Toulouse . Il faisait très froid , cela nous changeait du climat de Marrakech , un peu de neige était tombée.Trouver un logement n'était pas facile , mais sans trop attendre , une maison était libre qui pouvait héberger deux ménages.
Un copain de mon mari ,qui était lui aussi affecté a la même base , s'est joint a nous avec sa femme et son enfant .Il n'y avait qu'une cuisine qui n'était pas équipée et que nous partagions chacune a notre tour, pas de chauffage, une simple" salamandre"
(genre de poële) que nous alimentions en charbon , combustible rare en cette période de guerre.
Mon mari avec le tram , nous ramenait un sac de 50 kilos.Faire les courses était aussi une vraie bagarre , je partais le matin sous la neige avec mon fils dans la poussette , je faisais la queue pour des rutabagas et quand arrivais mon tour tout était vendu, j'allais faire la queue a un autre étal, quelques fois sans plus de chance.
A Toulouse , non plus , nous ne sommes pas restés longtemps, début 1943 mon mari était affecté a Salon.
je n'ai pas d'autres photos , en temps de guerre nous n'avions pas d'appareil